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   Et si le développement hors de nos frontières passait également par des accords entre ins- titutions sur la base d’un projet commun ? Éléments de réponse lors de notre débat intitulé « International : les nouveaux moyens de “chasser en meute”.
L’appel à projets pour les univer- sités européennes « a rencon- tré un énorme succès », sou- ligne Maria Gravari-Barbas,
professeure des universités et VP relations internationales de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Paris 1 porte le projet « Una Europa » avec la Freie Uni- versität Berlin (Allemagne), l’Alma mater studiorum Università di Bologna (Italie), l’Uniwersytet Jagiellonski Kra- kowie (Pologne) et l’Universidad Com- plutense de Madrid (Espagne). « Nous voyons très bien que ce n’est pas pour l’argent que l’on se positionne, car celui mis sur la table par la Commission européenne est honorable mais ne permettra pas de “faire” ces universi- tés. S’il y a cette volonté, c’est qu’il y a véritablement cette envie de faire autre chose, c’est-à-dire de construire une université européenne dans le sens profond », poursuit-elle. « Nous
ne sommes pas que dans une logique d’alliance, mais vraiment de transfor- mation plus importante de nos institu- tions. Je trouve cela formidable, parfois cela nous fait violence, mais c’est une violence salutaire ».
De son côté, Alain Beretz, chargé d’une mission sur les universités européennes par le Premier ministre, vadanslemêmesens:«Iln’yarienà gagner financièrement. Quelques centaines de milliers d’euros par an, par université, par rapport aux enjeux, c’est “peanuts”. Mais le succès est phénoménal. Il y a des gens qui ont envie, pour des raisons diverses, de travailler ensemble ».
« Ce sont des universités qui s’en- gagent de manière stratégique sur les enjeux de recherche, de formations, d’innovation, et qui vont se transfor- mer ensemble. Pour moi c’est assez nouveau », commente David Alis, pré-
sident de l’Université Rennes 1, enga- gée dans l’alliance Educ (European Digital UniverCity), aux côtés de Paris-Nanterre, Potsdam (Allemagne), Cagliari (Italie), Masaryk (République tchèque) et Pécs (Hongrie). « J’ai tou- jours pensé que l’international était un moyen d’émancipation, de moder- nisation, lorsque les personnels d’ac- cueil sont impliqués, lorsque les pro- fesseurs partent à l’étranger. C’est un formidable levier de modernisation, de transformation ».
Sean Hand, deputy pro-vice-chancel- lor de University of Warwick, est reve- nu quant à lui sur le Brexit. « Ce n’est pas forcément un désastre écono- mique pour les grandes universités britanniques. Nous sommes déjà très internationalisées et à l’Université de Warwick, nous souhaitons maintenir les liens que nous avons en Europe et dans le monde. »
Rennes 1 et l’Université franco-géorgienne
 « Nous travaillons actuellement sur un projet d’université franco-géorgienne. L’ambassadeur nous a sollicités pour ce projet et d’emblée il nous a fallu avoir une notion de taille critique, de masse. Ce projet est monté avec l’Insa de Rennes et l’Université Paris 8, qui a déjà des implantations dans ce pays. C’est là, où la question de la meute est impor- tante. » David Alis estime aussi que l’ancrage local peut et doit nourrir les alliances internationales : « On embarque des entreprises également pour le partenariat avec la Géorgie. Nous y sommes avec Lactalis, avec Klaxoon. Nous souhaitons capitaliser nos forces pour rayonner. »
Paris 1 avec Columbia, Polytechnique et Sciences Po
« Nous avons un projet d’alliance fondé il y a plus de 15 ans avec l’Université de Columbia, l’École polytechnique et Sciences Po Paris. Pendant plusieurs années, ce projet a donné la possibilité à nos trois établissements français de mettre en place tout un ensemble de projets, plutôt de façon bilatérale avec Columbia, mais nous arrivons aujourd’hui à envisager des projets multilatéraux entre l’ensemble des quatre partenaires. À Paris 1, cela nous a apporté énormément de choses, et notamment une ouverture vers l’espace nord-américain. Dans ce cas-là, on pourrait parler de chasser, car nous n’aurions pas forcément pu avoir accès à certaines fondations en tant qu’université française. »
9 • think education & recherche 2019
Chasser en meute à l’international
Alain Beretz, Davis Alis, Sean Hand, Maria Gravari-Barbas
 Débat



















































































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