Page 10 - Think education & recherche
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Patrick Ferran, Sophie Cluet, Théodore Hervieux, Jean-Luc Beylat, Eric Papin, François Houllier.
 think education & recherche 2019 • 10
Les nouvelles voies de coopération scientifique
Beaucoup d’outils existent pour faire collaborer entreprises, labos, chercheurs voire la société civile, mais leur visibilité reste complexe.
  «En France, l’interaction public/ privé est encore pauvre en volume et doit s’améliorer pour faciliter le passage d’un monde
à l’autre. Tout le monde est disrupté aujourd’hui. Les modèles écono- miques font que les grands groupes doivent innover rapidement dans des domaines qui ne sont pas forcément dans leur spectre. Ils doivent ainsi se connecter rapidement à leur environ- nement. Les dynamiques d’innova- tion sont aujourd’hui hyper rapides », commente Jean-Luc Beylat, président de Nokia Bell Labs France. Sophie Cluet, directrice recherche et innova- tion de Sorbonne Université, mise de son côté sur « la promotion des dispo- sitifs existants pour faciliter les colla- borations entre partenaires publics et
privés » et défend une vision « d’une recherche ouverte sur la société et les entreprises depuis 20 ans au sein de Sorbonne Université. »
Patrick Ferran, coprésident de Nine- Sigma, constate « une volonté très forte des grands groupes de s’ouvrir, mais un peu dans un mouvement de panique, sans savoir comment s’y prendre pour accélérer leur innova- tion ».
Toutefois, selon Eric Papin, directeur de l’innovation de Naval Group, qui « promeut » les laboratoires com- muns, le secret des laboratoires tend à s’estomper pour pratiquer une open innovation, jugée plus efficiente. Pour autant, côté entreprise ou côté aca- démique, le chemin n’est pas évident. « Nous avons tout d’abord participé à
des chaires. Les académiques appré- cient, mais les résultats ne sont pas suffisamment orientés vers nos pro- blématiques ».
François Houllier, P-DG d’Ifremer, estime que l’open innovation « n’est pas une mode mais une nécessité pour nous ». Et d’ajouter : « les enjeux majeurs sur l’observation de l’état des océans de manière générale et la nécessité d’ouvrir les données géné- rées par la recherche publique pour créer de nouveaux services et de nouvelles applications. Les innova- tions doivent embarquer largement, pas que la technologie, mais aussi les territoires et la société civile afin de pouvoir changer d’échelle ».
   Quatre piliers nécessaires à l’innovation
Jean-Luc Beylat donne sa vision de l’innovation :
1 • Finance : « Un point qui reste compliqué en France et en Europe, au regard de l’avancement de la Chine ou des Etats-Unis en la matière, bien que Bpifrance apporte des progrès significatifs dans le finance- ment de l’innovation »
2 • Culture entrepreneuriale : « Depuis une quinzaine d’années, la France progresse et de plus en plus d’étudiants et de chercheurs envisagent la création d’entreprise »
3 • Compétences : « Elles sont disponibles en France et d’excellente qualité ; le pays a une réelle carte à jouer au niveau mondial dans le domaine des compétences »
4 • Ecosystème : « Il le faut diversifié, puissant et riche pour se projeter et se structurer. Grâce notamment aux pôles de compétitivité, la France a construit des écosystèmes favorables. L’enjeu de la phase IV réside dans l’atteinte de taille critique au niveau de l’Europe ».
 Débat

















































































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