Page 7 - Think education & recherche
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      Madina Rival
Patrick Lévy
Lobbying : quand
les universitaires français
défendent leurs intérêts
Comment les institutions de l’ESR font-elles entendre leur voix auprès des acteurs poli- tiques, en France mais également en Europe ? Extraits.
«C’est vrai que l’on court après lesprojetsdeloi:ilyenacinq en parallèle, en ce moment. La Cdefi n’a pas assez de perma-
nents pour travailler seule sur ces sujets. Un cabinet nous accompagne sur ces questions-là et nous aide à rédiger ces amendements. Et cela nous a permis d’avancer. En ce moment, cela nous aide sur la loi Pacte : on avance, nous Cdefi, avec la CPU et le CNRS. On se concerte », déclare Marc Renner, alors directeur de l’Insa Strasbourg et président de la Cdefi1.
Autre exemple discuté : la loi « Choisir son avenir professionnel » qui prévoit notamment une réforme de l’appren- tissage. Le président de la Cdefi note que « les écoles ont eu une forme de lobbying assez importante », notam- ment par « des points presse sur des aspects souvent très techniques, pour
expliquer au grand public ce qui allait réellement se passer ». Mais, constate- t-il, « nous avons eu un blocage au ministère du travail, où l’on n’avait pas vraiment notre point d’entrée. Malgré les liens forts entre notre ministère de tutelle, le Mesri, et le ministère du tra- vail, on a senti que c’était l’affaire du ministère du travail. »
Résultat, la CPU, la CGE et la Cdefi ne sont pas représentées au conseil d’administration de France compé- tences, le nouvel organisme créé par cette loi. « C’est un échec, nous n’avons pas réussi à avancer assez vite », dit Marc Renner.
Pour Patrick Lévy, président de l’Uni- versité Grenoble Alpes, nouveau pré- sident du comité Europe de la CPU et élu au board de l’EUA (Association européenne des universités), la diffi- culté de l’ESR français tient au fait que les établissements marchent « en
ordre dispersé » : « Nous avons du mal à avoir un discours cohérent entre organismes de recherche et universi- tés. Il y a une forme de dispersion. » Ce frein existe au niveau européen : « L’EUA a une difficulté pour être un interlocuteur puissant, permanent proactif avec la Commission, parce qu’il y a d’autres acteurs comme la Leru, la Guild... Il faudrait que les uni- versités jouent groupées. » Il note que les établissements français sont « peu présents » dans les instances euro- péennes : « À l’EUA, mes interlocu- teurs disent qu’ils ne voient pas beau- coup les Français. Parfois, des réunions de 500 personnes ne comptent que deux Français. Il ne faut pas nous étonner de ne pas être pré- sents dans les comités d’experts ou pour faire les feuilles de route des dif- férents éléments du programme cadre. »
Marc Renner
    Au niveau européen
Le regard de Karl Stoeckel, représentant à Bruxelles
d’Aix-Marseille Université.
Karl Stoeckel note qu’à ce jour, son établissement est toujours le seul français à posséder une représenta- tion en propre. « Avec la CPU, nous réfléchissons à la mise en place d’une coordination de l’ensemble des représentations des universités, afin de peser sur certains sujets ». Cette question du lobbying est en lien, selon lui, avec le rôle qu’a voulu assigner l’État aux universités. « Le prolongement de l’autonomie des universités, c’est peut-être aussi de se représenter au niveau international. L’Idex, par exemple, est une injonction à ce que les universités soient attractives à l’international » Autre atout de la présence à Bruxelles : montrer que la recherche française se trouve également dans les universités, et non pas seulement dans les organismes de recherche, plus actifs dans la capitale européenne.
Karl Stoeckel évoque aussi l’« information grise » : celle « que l’on ne peut pas avoir, en ne venant que deux ou trois jours à Bruxelles. C’est celle que l’on a en prenant un café avec la responsable de l’unité qui va écrire les appels à propositions pour les “digital innovation hubs“ et qui permet de se positionner plusfacilement. Danslenorddel’Europe,lelobbyingestallétrèsloin.Ilsnefontpassimplement connaître leur système de recherche et de formation, ils répondent aussi concrètement, par des innova- tions pluridisciplinaires ou des projets collaboratifs, aux défis sociétaux identifiés dans Horizon 2020 et Horizon Europe. »
Laurence Piketty
7 • think education & recherche 2019
    Débat













































































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