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  Seul ou ensemble ? L’ESRI : de la compétition à la « coopétition »
David Alis, Anne-Lucie Wack, Alain Fuchs, Christine Musselin, Eric Labaye, Audrey Steeves
 Retour sur ce rendez-vous consacré aux nouvelles modalités de coopération entre établis- sements, au point de vue national et international.
«Dans le cas de la France, il y a une mise en coopération sou- vent contrainte, c’est d’ailleurs une spécificité de notre pays »,
déclare Christine Musselin, sociologue au CSO (CNRS, Sciences Po). Il est très difficile de proposer un projet seul et presque impossible d’obtenir une Idex si plusieurs établissements ne le portent pas. Mais cette mise en com- pétition est également une forme de coopération ».
Au sujet de la collaboration, David Alis, président de l’Université de Rennes 1 cite ainsi l’ordonnance sur les regrou- pements : « Elle représente un nou-
veau monde : pour la première fois, l’idée est de partir des projets pour proposer et inventer de nouveaux modes d’intégration, c’est une excel- lente nouvelle ! ». Pour Alain Fuchs, président d’Université PSL, tout est question d’échelle. « Au niveau natio- nal, nous estimons qu’il est primordial d’être le premier du classement et nous pratiquons depuis très long- temps la compétition entre établisse- ments. C’est un peu comme le rugby : on considère que l’important est de gagner contre le village voisin, voire d’être champion de France. Mais quand on joue en Angleterre, on
s’aperçoit que c’est là qu’est la vraie compétition. Je pense qu’on va, aujourd’hui, vers davantage de com- pétition, à l’échelle internationale ». Éric Labaye, président de Polytech- nique, estime quant à lui, que la France se situe à mi-chemin : « C’est assez équilibré entre coopération et compé- tition, c’est pour cette raison que l’ex- pression “coopétition” me va très bien. Le monde de l’ESR est en pleine coopé- tition aujourd’hui au niveau mondial : il y a de la compétition avec les plus grandes universités mondiales, mais aussi de la collaboration avec celles-ci et avec des établissements français. »
Deux regroupements en évolution : Saclay et l’Université Bretagne Loire
L’émergence de l’Institut
polytechnique de Paris
Selon Éric Labaye, président de Polytechnique et artisan de la mise en œuvre de l’Institut polytechnique de Paris, il y a « deux éléments clés à prendre en compte : la performance et la compétitivité. Est-ce que nous sommes capables d’attirer les meilleurs chercheurs et les meilleurs laboratoires ? Depuis 15 ans, le site de Saclay est le lieu de projets de collaborations diverses. À un moment, il s’agissait du regroupement ParisTech, celui-ci a été arrêté pour Paris-Saclay. On disait alors que “mettre 19 établissements ensemble était mieux que d’en rassembler une dizaine“. Cela pose la question suivante : est-ce qu’une logique territoriale est meilleure qu’une logique de projet ? Le projet commun est, pour moi, le plus important. »
La fin de la Comue
Université Bretagne Loire
Créée en 2016, elle rassemble sept universités, 15 écoles et trois organismes de recherche. « L’idée était de faire émerger un espace de coopération et d’échange dans le contexte des appels à projets pour construire une université de rang mondial. Avec ce collectif, nous avons candidaté trois fois. Le verdict du jury a été clair : “Dans ce périmètre, vous avez de l’excellence. Mais c’est un réseau, pas une université”. C’est une invitation à construire différemment, ce que l’on fait aujourd’hui avec des établissements et les écoles », indique David Alis, président de l’Université Rennes 1.
 think education & recherche 2019 • 6
 Débat


















































































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