Page 4 - Think education & recherche
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 Isabelle Huault,
présidente de l’Université Paris-Dauphine
L’université Paris-Dauphine célèbre cette année ces 50 ans d’existence. Depuis sa création elle veut être un lieu d’accueil et de débat et nous accueillons chaque année 850 colloques. L’université a ainsi apporté naturellement tout son soutien à Think Education depuis sa création.
Le thème de cette année « Réussir seul ou ensemble ? » est au cœur des enjeux de nos établissements. Dans une compétition internationale accrue où l’attractivité est au cœur de nos enjeux organisationnels, scientifiques et pédagogiques, nous assistons à la montée en puissance d’alliances,
à l’émergence de réseaux, de partenariats renforcés, ou encore de rap- prochements entre écoles et universités... L’enjeu : être plus solides et influents à plusieurs. Mais ces évolutions posent aussi des questions qui sont au cœur de ces deux journées : diversité des statuts, modèles de gou- vernance, transferts de compétences, coûts de transaction qu’il faut à l’évi- dence parvenir à minimiser, outils de gestion à développer...
Je me réjouis par ailleurs que News Tank ait mené un travail pour que les panels d’intervenants se féminisent. On ne peut que saluer que ces jour- nées soient le reflet d’un peu plus de diversité et d’une meilleure représen- tation des femmes. Bienvenue à l’Université Paris-Dauphine !
think education & recherche 2019 • 4
Frédérique Vidal
ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
Mettre en place un système redistributif pour les étudiants internationaux
La ministre a ouvert les deux journées Think Education et Recherche 2019 par un dialogue avec la rédaction.
« Seul ou ensemble : l’ESR français à l’épreuve du collectif » est le thème de nos deux jours à l’Université Paris Dauphine. Comment vous abordez cet enjeu ?
On l’aborde par le projet, toujours. Un collectif se construit par la volonté des acteurs qui décident de porter ensemble un projet. Les établissements sont autonomes et en responsabilité : ce que nous avons souhaité faire, c’est leur donner les outils pour construire le collectif qu’ils souhaitent.
Sur quels champs le collectif fonctionne-t-il bien ? Et en quoi fonctionne-t-il moins bien ?
Nous avons des retours sur des projets collectifs sur la formation, avec la loi ORE ou sur la nou- velle façon de penser la licence, moins tubulaire qu’auparavant. Cela permet d’aller chercher, au travers d’associations entre différentes formations, différentes facultés au sein d’établisse- ment, ou de différents établissements, des parcours plus innovants et qui correspondent aux attentes des étudiants et aux besoins de la société. De plus, il y a l’ordonnance qui permet aussi des formes nouvelles de coopération entre établissements. La loi Fioraso partait de cette inten- tion, mais avec les cadres étaient trop rigides pour que chacun se sente bien à sa place dans la construction de ce collectif.
“Collectif” : c’est peut-être ce qui a manqué pour les droits d’inscription pour les étudiants étran- gers. Y a-t-il un risque d’échec parce que les établissements ont eu l’impression de subir ?
Il faut avoir un discours de vérité. D’un côté, on a des établissements qui savent faire un accueil de qualité lorsqu’ils ont les moyens de le faire ; et de l’autre côté, des étudiants internationaux qui sont bien reçus - pour une partie seulement - seulement lorsqu’ils sont capables de payer des droits d’inscription parfois élevés.
La proposition qui a été faite, c’est que l’ensemble des diplômes, y compris les diplômes natio- naux, soient tarifés de façon différente pour les étudiants internationaux, avec la mise en place d’un vrai système redistributif. Le système permettra notamment de donner des bourses. C’est un système beaucoup plus juste. Aujourd’hui, seuls ceux qui payent sont bien accueillis.
Une loi de programmation de la recherche et l’innovation a été annoncée par Édouard Philippe. En quoi peut-elle mieux faire collaborer les acteurs et clarifier le système ?
Le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement sont convaincus de l’importance de la recherche pour penser le monde et la société de demain. C’est un sujet important : dans le grand public, on n’est plus tout à fait sûr que la connaissance apporte le progrès. Deuxième chose : la loi réaffirme que la recherche et la science ont besoin de temps et de visibilité. Et c’est très compliqué d’avoir, chaque année, au sein des organismes de recherche et au sein des universités, à repenser le financement en fonction de ce qui est prévu dans les lois de finances « classiques ».
 














































































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