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       Les tiers-lieux : quel rôle dans la politique culturelle ?
Plus de 1 800 tiers-lieux ont été recensés en France en 2019, dont beaucoup ont, en tout ou partie, des activités culturelles. Quels rôles jouent-ils dans la politique culturelle, quelle est leur place par rapport aux réseaux d’institutions existants et surtout quel est leur avenir, entre pérennité et statut provisoire ?
Faire cohésion
« Le modèle économique des tiers-lieux fait débat et je le regrette profondément. Le tiers-lieu peut ou doit être en marge d’un certain nombre d’institutions publiques.
La culture est bien plus large que la créa- tion et la diffusion artistique stricto sensu. La REcyclerie et la Cité fertile embrassent de nombreux éléments qui ne sont pas définis comme culturels mais qui font culture : le féminisme, la mixité sociale, les pratiques artisanales, etc.
La culture est bien plus large que
la création et la diffusion artistique stricto sensu
Stéphane Vatinel, directeur général de Sinny & Ooko
Il y a une avancée certaine dans la prise en compte des tiers-lieux au ministère de la Culture et Mains d’œuvres a plusieurs interlocuteurs de choix. Néanmoins, nous restons attentifs à ce que l’administration prenne un véritable positionnement à leur égard. »
Juliette Bompoint, directrice
de l’association Mains d’œuvres
Un partenaire privilégié
pour les villes
« Il est rare que les projets tiennent plu- sieurs années sans aucune subvention publique.
Les tiers-lieux sont de formidables parte- naires du développement culturel d’une
Juliette Bompoint
Laurence Dupouy-Veyrier
Stephane Vatinel
  D’ailleurs, si ministère de tutelle il devait y
avoir pour les tiers-lieux, ce qui n’est pas
forcément souhaitable, ce ne serait sur-
tout pas le ministère de la Culture. De par
sa vision transversale, le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales semble plus approprié. »
Stéphane Vatinel, directeur général de Sinny & Ooko Vers une meilleure considération ?
« Je suis contre les tiers-lieux transitoires. Il y a quelque chose d’insensé à imaginer que l’on peut prendre des acteurs culturels pour les installer là où il y a un peu de place, puis les faire démé- nager un an après. C’est un manque de considération totale pour les personnes qui font un travail immense pour concevoir ces lieux, cela conduit à l’épuisement des équipes.
ville. Il faut arrêter de penser que l’institution est essoufflée, sclé- rosée, voire morte, aujourd’hui elle se repense. Elle le fait parfois en partenariat avec les tiers-lieux ; parfois en s’inspirant des tiers-lieux qui ont indiqué le chemin d’une convivialité, d’une architecture, d’un accueil nouveaux, qui ont favorisé les rési- dences d’artistes ponctuelles au détriment de saisons qui repro- duisent parfois les mêmes schémas à l’aune d’une direction artistique un peu trop labellisée. »
Laurence Dupouy-Veyrier, directrice de la culture de la Ville de Nanterre et vice-présidente de l’ADAC-IdF chargée
de la métropole et des territoires
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