Page 8 - Think Culture 2020
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Zones péri-urbaines, quartiers « défavorisés », milieu rural :
y a-t-il des oubliés de la culture ?
Aurélie Romanacce, Gilles Delebarre, Emmanuelle Jouan et Ludivine Ducrot
   Les objectifs de démocrati- sation et/ou de démocratie culturelle sont au cœur des politiques publiques de la culture, nationales et locales. Mais, en dépit des bonnes intentions affichées, les disparités demeurent. Qui sont les oubliés de la culture, pourquoi en est-on arrivé là et surtout comment y remédier ?
La culture au quotidien
« La question de l’accès à la culture relève de l’ensemble de la société.
Les artistes doivent travailler longtemps, partout sur le territoire, et être présents dans le quotidien des gens. Soit dans des structures, soit de leur propre initiative. On prétend que l’éducation artistique et culturelle a échoué. Mais quelles chances lui a-t-on donné de réussir ? Face aux industries culturelles, notre action est artisanale même pour de grandes institu- tions. Il faudrait que l’ensemble des acteurs publics rendent visible ce qui se fait avant de souhaiter innover. Les artistes doivent avoir une plus grande place dans le quotidien des habitants. Ancrer les équipes artistiques sur un temps long demande d’être en proximité absolue avec la réalité du territoire. » Emmanuelle Jouan, directrice du Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée d’inté- rêt national art et création - danse, de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis)
Les professionnels oubliés
« Avec la crise sanitaire inédite et extrê- mement forte que nous traversons, les oubliés de la culture concernent aussi ceux qui ne recevront pas de subven- tions.
Dans les zones péri-urbaines ou rurales, les acteurs culturels n’ont pas forcément cette culture du subventionnement et ne savent pas comment s’y prendre pour faire connaître leur projet culturel sur un territoire.
Les projets hybrides notamment connaissent peu ou mal le financement public et fonctionnent beaucoup avec leurs ressources propres alors qu’ils mettent en œuvre des projets qui ont une vraie légitimité sur les territoires. » Ludivine Ducrot, secrétaire générale
de Grand Bureau
Instruction ou éducation ?
« Avec Démos, un artiste va au contact de jeunes des quartiers populaires pour par- tager ce qui l’habite. Mais il faut prendre en compte une certaine forme de dis- tance entre un artiste accompli et les gens qui sont a priori éloignés de la musique classique.
Mettre en contact des artistes confirmés avec des jeunes de ces quartiers n’est pas toujours évident. D’un côté, les artistes souhaitent que les enfants se placent dans une posture d’apprentissage pour qu’ils se rapprochent de leur propre expé- rience. De l’autre, les travailleurs sociaux souhaitent que l’artiste soit respectueux du caractère ludique de l’activité.
Il faut adapter le niveau d’exigence sans verser dans la tyrannie du ludique. C’est le débat entre instruction et éducation. » Gilles Delebarre, directeur délégué du projet Démos à la Philharmonie de Paris
  Adapter le niveau d’exigence sans verser dans la tyrannie du ludique
Gilles Delebarre, directeur délégué du projet Démos à la Philharmonie de Paris
  think culture 2020 • 8
 Débat















































































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