Page 10 - Think Culture 2020

La territorialisation de la culture : quel impact sur la concertation État/collectivités territoriales ?
Jean-Philippe Lefèvre, Karine Gloanec Maurin, Laurent Roturier et Aline Sam-Giao
L’État n’est plus le seul décideur ou prescripteur de la politique culturelle, et les projets de loi 3D (décentralisation, différenciation, déconcentration) et ASAP (accélération et simplification de l’action publique) modifient les compétences des différents acteurs publics. Quelles sont les conséquences éventuelles sur la concertation État/collectivités territoriales, notamment portées par les DRAC (Directions régionales des affaires culturelles), laquelle est au cœur des processus d’action culturelle initiés par le ministère de la Culture ?
Pour un rapport État/
collectivités plus équilibré
« Pour nous, professionnels, la relation au ministère de la Culture et à ses services déconcentrés est fondamentale. Ce sont des experts en dossiers culturels, ce qui n’est pas toujours le cas dans les Préfec- tures par exemple. Lorsque nous nous adressons aux DRAC, nous savons qu’elles s’appuient sur une politique nationale dont elles sont les garantes, et que cette poli- tique est mise en œuvre de façon à assurer une égalité d’accès à la culture de l’en- semble des citoyens sur le territoire. Nous aimerions que s’instaure entre le ministère et les collectivités territoriales un rapport plus équilibré, intelligent, avec une concer- tation forte, pour laquelle je pense que les DRAC ont un rôle important à jouer. » Aline Sam-Giao, directrice générale de l’Orchestre national de Lyon
La culture, une
compétence partagée
« La culture est un combat, et nous avons besoin qu’elle soit une compétence par-
tagée. C’est une affaire d’engagement, de conviction.
La réflexion sur les territoires doit être matricielle. On a parfois tendance à abor- der les politiques culturelles d’une manière sectorielle, ce qui me gêne. Nous sommes dans des périodes d’une extrême complexité où le numérique amène une rapidité que l’on n’a jamais connue. Nos réponses doivent être à la hauteur des mutations que nous traver- sons. »
Laurent Roturier, DRAC Île-de-France
Vers une meilleure prise en compte des spécificités territoriales
« Je pense que l’innovation à venir en matière de territorialisation va être de prendre en compte les gens des terri- toires tels qu’ils sont, là où ils sont, avec leurs pratiques. Notre ambition doit être d’enrichir leurs pratiques, et pas forcé- ment de les changer, de les amener à suivre nos codes.
La culture de prescription, qui a long- temps été la norme, n’est plus suffisante.
Il ne faut pas avoir peur de ce change- ment brutal et générationnel. Nous nous sommes longtemps penchés sur les rup- tures sociales, mais elles sont aujourd’hui générationnelles. »
Jean-Philippe Lefèvre, président de la FNCC (Fédération nationale des collectivi- tés pour la culture)
La relation
au ministère de
la Culture est
fondamentale
Aline Sam-Giao, directrice générale de l’Orchestre national de Lyon
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