Page 6 - Think Culture 2020
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keynote
   « Le Centre national
de la musique est, pour l’ensemble de la filière, une première innovation »
« La naissance du Centre national de la musique et la crise gravissime que nous traversons nous invitent à regarder la musique et l’innovation sous un angle différent. Cet angle, c’est celui que commandent les menaces actuelles sur le spectacle, sur les artistes, sur la diversité et sur une certaine idée de la musique dans notre pays.
Le Centre national de la musique est, pour l’ensemble de la filière, une première innovation.
Cette création marque un engagement extrêmement fort des pouvoirs publics. Il ne faut pas bouder notre plaisir de voir un établissement public mis sur pied pour soutenir la filière musicale.
Les modes de financements sont innovants, avec un mélange de fonds publics et de fonds privés, tout comme la gouvernance, avec une très large représentation de la filière.
Aujourd’hui, il existe des menaces de mutation très fortes
du paysage économique, avec des risques de disparition de structures, de concen- trations et de rachats et, sur un plan individuel, des risques de changement de carrières, notamment pour les artistes.
Avant de s’interroger sur les apports de la technologie à la musique, il faut s’atta- cher à sauvegarder ce qui peut l’être. Le monde du spectacle innove chaque matin. Imposer la distanciation physique, c’est conduire les responsables de salles, les programmateurs, à innover. Confiner le public impose aux artistes de trouver de nouvelles façons d’entretenir les relations.
Évidemment, il existe des opportunités technologiques fantastiques à saisir. Ces innovations ne sauveront pas la filière, mais elles peuvent créer des opportunités en faveur de nouveaux outils de médiation, pour enrichir l’expérience spectateur et pour en proposer une autre.
Les marges de progrès sont très importantes pour proposer une nouvelle expé- rience spectateur, en streaming, pour valoriser les données et personnaliser les offres afin de générer de nouveaux modèles économiques, à condition que ces derniers permettent aux structures et aux artistes d’être rémunérés.
Le CNM sera là pour identifier des leviers, non pas pour “faire à la place de”, mais pour encourager la mise en contact, le rapprochement des investisseurs et des porteurs de projets.
En 2024, j’aimerais beaucoup qu’on puisse dire que la création d’un établissement public de filière comme le CNM aura permis de franchir cette crise gravissime.
Dans ce contexte, que les artistes tiennent bon. Les pouvoirs publics, dans toutes leurs composantes, ont répondu à cette crise en maintenant les subventions, en renforçant leur soutien. Que les artistes tiennent bon, nous avons besoin d’eux. »
 think culture 2020 • 6
 Jean Philippe Thiellay
Président du Centre national de la musique

















































































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