Page 5 - Think Culture 2020
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   « La crise a accéléré des prises de conscience »
« Cette crise nous invite à repenser et à peut-être encore accélérer le modèle de la décentralisation culturelle.
Comment une institution parisienne comme le Palais de Tokyo, le plus grand centre d’art contemporain en Europe, peut infléchir, dans un délai très court, sa programmation suite à la pandémie, et la mettre en cohé- rence avec l’ensemble de ses actions, de ses engagements et de sa politique des publics ? En 2019, 38 % de nos visiteurs venaient de Paris intra-muros, 31 % d’Île-de-France hors Paris, et 31 % des régions. Il s’agit de construire maintenant, en co-évolution avec d’autres institutions en régions, une nouvelle forme de proximité.
Le Palais de Tokyo doit épouser au plus près les grands bouleversements contemporains, mais aus- si tenter de mettre en accord sa programmation et l’ensemble de ses activités et de son modèle économique avec la pensée des grands artistes contemporains que nous accueillons, que nous aidons à produire, auxquels nous donnons une visibilité.
Le Palais de Tokyo s’engage pour aller plus loin dans sa politique de responsabilité environnemen- tale et sociétale. Le programme « Réclamer la terre », qui démarrera dans un an, et qui lance la démarche engagée de la RSE de l’institution, sera accompagné d’une saison d’expositions et de conférences, à partir d’octobre 2021.
L’enjeu actuel est de recentrer nos actions, de faire circuler autrement notre ADN. Non plus néces- sairement dans les friches expérimentales adjacentes aux grandes manifestations internationales, comme on a pu le faire. Même s’il s’agit de continuer à faire dialoguer le global et le local, nous souhaitons nous engager dans les zones blanches, qui disposent de moins d’un équipement cultu- rel pour 100 000 habitants.
Au-delà de ces zones de ruralité, nous avons mis un accent très fort sur « Le Palais partagé », projet mené main dans la main avec des acteurs de terrain.
Il ne suffit pas de mettre en place une politique tarifaire attractive, voire gratuite. Réinventer notre rapport d’institution sur un territoire élargi, c’est aussi mettre en place les outils pour chercher ce public qui ne vient pas au Palais de Tokyo.
La crise a ainsi accéléré des prises de conscience et des mutations, qui vont conduire à un investis- sement accru de ces territoires ruraux et péri-urbains, infléchissant la programmation et invitant, selon le titre de notre prochaine exposition, à développer des formes d’anticorps. Il n’y a pas de meilleur antidote à cette crise que la créativité de l’art, des artistes, et de pouvoir la partager, avec d’autres institutions et avec notre public. »
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 Emma Lavigne
Directrice du Palais de Tokyo























































































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