Page 13 - Think Culture 2020
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         Julien Benard
Olivier Haber
L’offre locale d’équipements culturels : quelle place
pour l’initiative privée ?
Depuis quelques années de grands équipements culturels privés ont vu le jour, construits et financés comme tels. Par ailleurs, des formules de partenariat public privé se sont dévelop- pées et des délégations de service public peuvent être confiées au secteur privé. Dans quelle mesure l’émergence de nouveaux grands acteurs privés modifie-t-elle le paysage culturel ?
Jérôme Sans
 L’importance
du financement privé
« La part du financement de la culture tra- ditionnelle par les acteurs du privé repré- sente 29 Md€ sur 46 Md€, soit 64 % du montant.
En 2020, le financement de la culture est pour deux tiers issu du privé et pour un tiers du public. Historiquement, il était de l’ordre de 50 % public-privé en 2000 ; et d’un tiers privé, deux tiers public en 1980. L’augmentation du financement privé va s’accentuer tant du côté de l’exploitation que de l’investissement. Le financement public a notamment tendance à financer le secteur des théâtres publics, de la danse, du patrimoine et des musées. Le financement privé concerne davantage les médias et la musique enregistrée notamment. »
Julien Benard, président de Nova Consulting
Une concurrence public/
privé ?
« Plutôt que de s’interroger sur la part du privé dans les équipements culturels, il serait préférable de questionner le rôle et la mission du service public dans la
culture. Le secteur public entre en concur- rence avec le secteur privé en program- mant par exemple des spectacles de Flo- rence Foresti au théâtre du Châtelet ou des concerts inspirés de la musique de films d’Harry Potter à la Philharmonie de Paris. Ce n’est pas le rôle du service public. Cela provoque une concurrence qui n’est pas saine avec le secteur privé.
Quand cela est encadré contractuelle- ment, le lien entre le public et le privé est positif mais, aujourd’hui, il est nécessaire de requestionner le rôle du service public pour que le privé puisse s’exprimer serei- nement. »
Olivier Haber, directeur général de la Seine Musicale
La responsabilité culturelle du privé
« La division entre le public et le privé est révolue. Les caisses publiques sont vides. Ce n’est plus à l’État, ni à la Région, ni à la Ville de s’occuper exclusivement de la culture.
La culture est un modèle collectif dont nous sommes tous responsables. Les entreprises ont une responsabilité sociale, économique et culturelle non seulement pour leurs propres salariés
mais aussi pour leurs clients.
Éliminer le privé reviendrait à se priver d’un appui considérable alors que la France a la plus grande offre culturelle au monde. Il est indispensable de rajeunir nos outils culturels régulièrement pour rester compétitifs. »
Jérôme Sans, directeur artistique
du projet Emerige, future Fondation
d’art contemporain
Questionner
la mission
du service public
dans la culture
Olivier Haber, directeur général de la Seine Musicale
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   Débat



































































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