Page 12 - Think Culture 2020
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    Le streaming et la rémunération des créateurs
Pour faire évoluer le mode de répartition des revenus des artistes issus du streaming, une alternative est parfois proposée : l’UCPS (User Centric Payment System). Ce système dissocie- rait la rémunération du nombre de streams, et de la sorte encouragerait la reconnaissance de la diversité des répertoires. Où en est-on aujourd’hui de ce débat, sachant que le user centric suscite des réserves ou le scepticisme quant à ses avantages supposés, de la part d’acteurs de l’industrie musicale ou d’organismes de gestion collective, et que les producteurs indépen- dants paraissent plus convaincus que les majors ?
  Le user centric pour plus d’équité
« Susciter plus de transparence dans la rémunération de la création, c’est l’un des enjeux de la directive européenne “droit d’auteur”, dont on a beaucoup parlé ces derniers mois. Dans le texte, cette obliga- tion de transparence vise très directe- ment les GAFA, qui restent relativement opaques.
Les services de streaming de musique tels que Deezer sont eux parfaitement transparents, mais cela n’empêche pas certains artistes de venir nous voir régu- lièrement pour nous dire qu’ils ne com- prennent rien à la manière dont leur argent est réparti. Ils nous soupçonnent aussi parfois de les voler, car ils ne touchent rien. Cela devient probléma- tique, dans un marché de la musique enregistrée de plus en plus dominé par le streaming.
Le user centric ne résoudrait sans doute pas tout, mais apporterait plus de clarté et d’équité dans ce marché. »
Alexis de Gemini, directeur général France de Deezer
L’arbre qui cache la forêt
« Le user centric est une question de jus- tice du partage entre les différents artistes, mais il existe une autre notion de partage, que l’Adami (Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes) et les différents syndicats d’artistes-interprètes ne cessent de poser, c’est le partage de la valeur entre les différents ayants-droit. Ce dont ni Deezer ni les autres plate- formes ne sont responsables.
Ce que l’on craint, c’est que l’arbre cache la forêt. Le user centric est un vrai sujet, il est intéressant et je vois mal comment nous ne pourrions pas y souscrire, mais pour nous, il y a un préalable : on ne peut construire un meilleur mode de partage que si le partage entre ayants-droit est résolu et assaini.
Ce n’est pas le user centric qui rétablira la confiance des artistes dans le modèle du streaming, qui est pourtant le modèle de leur avenir. Aujourd’hui, cette confiance n’est pas encore établie, et on peut le constater à longueur d’interviews. Clara Luciani, par exemple, disait récemment
dans une interview à Télérama que, tout en rencontrant un certain succès en streaming, elle ne touchait quasiment rien des plateformes. »
Bruno Boutleux, directeur général de l’Adami
Susciter plus de
transparence dans
la rémunération
de la création
Alexis de Gemini, directeur général France de Deezer
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Alexis de Gemini
Bruno Boutleux
  











































































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