Page 7 - Think Culture 2019
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Thierry Teboul, Michel Orier, Carole Thibaut, Céline Calvez, Hervé Digne et Jacques Renard
Michel Orier
Directeur de la musique et de
la création culturelle, Radio France
Céline Calvez
Députée, vice-présidente de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation, Assemblée nationale
Les artistes accompagnés le sont sur 3 à 5 ans, avec des aides financières et des résidences. Ils apportent une plus-value -pour employer un terme commercial- très importante sur la relation au public et la connaissance du territoire, en tra- vail étroit avec l’équipe.
La question de l’évaluation est quant à elle importante. Dans nos structures, nous passons beaucoup de temps à fournir des outils d’évaluation, et il y a un problème de moyens au sein du minis- tère de la Culture puisqu’ils ne sont pas expertisés. Continuer à démultiplier les outils d’évaluation ne fera pas évoluer la situation. Et si nous sortions de cette logique pour réfléchir à des questions de co-construction ?
Les acteurs et actrices de terrain font beaucoup de propositions à l’État et aux collectivités. Nous sommes toujours vus comme des demandeurs de finances publiques alors que nous avons des expertises d’actions, de territoires, d’ex- périences menées qui pourraient être modélisables, servir à la création de formes novatrices sur le plan des poli- tiques culturelles, et même de la gestion d’entreprises. »
Ré-innerver
une parole politique
« Le consentement à la redevance de l’audiovisuel a beaucoup baissé parce que les gens ont tendance à comparer le financement de l’audiovisuel public à ce que leur coûte un abonnement à Netflix ou à d’autres plateformes. C’est une comparaison qui n’a pas de sens car, par exemple, ce n’est pas en s’abon- nant à une plateforme que l’on protège la diversité.
Dans un premier temps, il faut colmater les financements publics, s’assurer que ce socle ne diminuera pas davantage, et ré-innerver une parole politique là-dessus.
Au-delà des nouvelles recettes à trou- ver, les structures doivent s’interroger sur leurs pratiques, dont la programma- tion. Il est urgent de sortir du “modèle prototypal de consommation culturelle”. Beaucoup de propositions circulent, souvent pour des durées très courtes, et je ne pense pas que ce soit une bonne chose ni sur le plan artistique ni pour sortir du cercle des initiés. »
Je vois beaucoup
d’initiatives isolées
se développer sur la
question des formations.
Nous devons réinventer
des formes de mutualisation
des énergies, pour éviter
une dispersion des fonds.
Thierry Teboul, directeur général de l’Afdas
Poser la question
de l’évaluation
« Avant de s’interroger sur le bon niveau des investissements publics, il faut se poser la question de l’évaluation. Quel est le niveau de pratique des Français, quel est le rôle de chacun des acteurs dans la mise en place de ces propositions ? L’éva- luation n’est pas assez faite. L’instaura- tion de critères s’accompagne de la peur de contrevenir à la liberté de création et de proposition.
Nous ne sommes pas allés assez loin pour évaluer réellement la participation du public aux propositions culturelles.
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