Page 8 - Think Culture 2019
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Sans entrer dans le jeu de l’offre et de la demande, on pourrait se pencher sur la conciliation possible entre les deux, ins- taurer un dialogue avec ce que demande le public. L’écouter ne veut pas dire y répondre à tout prix.
Les critères d’évaluation doivent être exi- geants, notamment sur l’égalité femme/ homme, avec la mise en place de budgets genrés permettant d’évaluer la présence des femmes aux postes à responsabilités ou les occasions données à un public féminin de se saisir de propositions dont elles se sentent éloignées, mais aussi sur la présence de l’offre dans les territoires ruraux.
Par ailleurs, le mécénat n’est pas seule- ment réservé aux grandes entreprises. Depuis fin 2018, les TPE et PME, qui sont présentes sur tout le territoire français, peuvent participer et soutenir des actions sur leur territoire avec une clé d’entrée à 10 000€, au lieu d’un pourcentage de leur chiffre d’affaires.
Au-delà de l’État, des collectivités et des entreprises, il faut se demander com- ment chacun de nous peut s’investir. Les innovations dans les modes de finance- ments, comme le financement participa- tif, créent une autre relation entre le public et ce que peut être l’art ou une institution. La culture n’est pas une source de dépense mais surtout d’accroissement de l’économie. Elle permet la création de valeur à tout titre : économique, de cohé- sion, d’émancipation. »
Un engagement par projet
«Il ne faut pas désarmer. Bien sûr qu’il faut continuer à pousser pour que les financements publics jouent un rôle significatif dans la culture. L’État doit continuer à porter la culture comme un des éléments constitutifs de la société. C’est ce qui nous relie et crée notre part d’humanité.
Je suis presque étonné que l’on continue à parler de “crise du financement”. Dans “crise”, il y a l’idée d’une période de laquelle on va sortir. Alors que nous sommes doucement en train de changer de modèle. Il s’agit aujourd’hui de voir comment on vit avec ce nouveau modèle de diversification des ressources et quelles garanties on met pour que chacun, pouvoirs publics et secteur privé, soit à sa place.
Il faut essayer de voir comment les mondes de la culture et de l’entreprise peuvent avancer ensemble et comment dépasser une certaine méfiance réciproque. La mentalité des entreprises a évolué. Elles se sont dotées d’outils pour mieux connaître les préoccupations du secteur culturel.
Il ne faut pas demander aux entreprises ce qu’elles ne peuvent pas donner. Dans la lancée du mécénat, on leur a demandé d’intervenir dans une forme de libéralité alors qu’elles sont de plus en plus dans l’attente d’un engage- ment par projet et en lien avec les partenaires publics.
Cet engagement est aussi l’occasion d’explorer dans le monde artistique les germes de l’innovation qui peuvent bousculer certaines des pratiques des entreprises. »
Hervé Digne,
président de Manifesto
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Débat