Page 9 - GRAND ENTRETIEN
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  De mon côté, un de mes idéaux était de faire travailler enfin ensemble les “écoles de production de l’élite”, avec les lieux de la recherche. Dans ce sens, ne pas avoir Polytechnique était un peu dommage. Mais nous avons été aussi loin que nous le pouvions, il fallait être réaliste.
Par ailleurs, les deux mondes sont clivés culturellement, mais il ne faut pas exagérer la fracture culturelle : des étudiants ont des parcours dans les deux types d’établissements, les ensei- gnants-chercheurs aussi.
Il ne faut pas se méprendre
sur ce que veulent les politiques
Bernard Belloc
   Sylvie Retailleau : Oui bien sûr, nous travaillions ensemble. Mais être sous la même entité institu- tionnelle, c’est autre chose.
Gilles Trystram, comment s’est jouée la décision pour votre école ?
Gilles Trystram : A AgroParisTech, nous avons eu un long débat long pour choisir entre les deux pôles, l’Université Paris-Saclay et Institut Polytechnique de Paris. D’ailleurs, au moment de l’an- nonce du Président de la République, le processus de consultation interne n’était pas terminé, nous ne nous étions pas positionnés et on nous l’a reproché...
Même en ayant choisi , l’Université Paris-Saclay, nous avons toujours des projets et des flux croi- sés d’étudiants avec l’IP Paris. Si la bipolarisation venait à être un verrou ou un blocage, ce serait une absurdité.
Pierre-Paul Zalio : Le 25/10/2017, Emmanuel Macron déclarait : “Les organismes de recherche seront le ciment” entre les acteurs sur le site, à savoir l’IP Paris et l’Université Paris-Saclay. Mais, aujourd’hui, on ne peut pas vraiment dire que ce soit le cas.
Bernard Belloc : Il ne faut pas se méprendre sur ce que veulent les politiques : ils veulent surtout que les choses aillent vite.
Dans ce projet, beaucoup d’initiatives viennent des enseignants-chercheurs, y compris de ceux de Polytechnique. D’ailleurs, on observe que ce n’est pas tellement la communauté interne de Polytechnique qui faisait du lobbying contre le projet. C’est surtout l’environnement de l’école qui s’opposait au projet, sans aucun fondement rationnel, d’ail-
leurs.
Mais je le répète : les hommes poli- tiques ne savent absolument pas le rôle que joue la recherche et les ins- truments de recherche dans le poids de Saclay.
Sylvie Retailleau : Alors que les infrastructures sont la clef du projet. Le synchrotron Soleil, le laser Apol- lon, les salles blanches du centre de nanoscience et de nanotechnologie cela ne rentre pas entre le Trocadéro et la tour Eiffel !
    NEWS TANK 9
LE TRÈS GRAND ENTRETIEN
 Le très grand entretien
 
















































































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