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Le très grand entretien
Gilles Trystram
Et pour AgroParisTech, à partir de quand votre trajectoire a-t-elle rejoint celle de Saclay ?
Gilles Trystram : En 2007, AgroParisTech a été créée de la fusion de plusieurs écoles : nous avions donc d’autres choses à penser que Saclay. La décision de se regrouper à Palaiseau date de 2009, avec le Plan campus. Mais il aura fallu 12 ans pour le faire puisque l’école déménagera de Paris à Saclay en 2021.
Pour nous, l’Université Paris-Saclay représente surtout une trajectoire pour faire mieux, avec d’autres, ce que l’on est capable de faire.
Le potentiel des très grands instruments de Saclay, unique en Europe, est un point important. Quel que soit le défi scien- tifique, technologique ou sociétal, on sait qu’on a les outils à proximité : c’est
un argument majeur pour venir se positionner sur le site.
Autre point clef pour AgroParisTech : nous sommes intrinsèquement mixtes, entre une culture universitaire et une culture grande école. Nous avons eu des DEA (aujourd’hui masters). Nous avons toujours eu un double fonctionnement dans l’établissement.
Et pour l’ENS, à quel moment cette histoire avec Saclay s’est-elle écrite ?
Pierre- Paul Zalio : Dans les années 2000, l’ENS était à un moment critique de sa croissance : elle proposait des LMD, elle avait des laboratoires... Soit elle devenait une université, soit elle s’ados- sait à d’autres. En 2004-2005, nous avons voulu fusionner avec l’ENS Paris, sans succès. C’est l’échec de ce projet qui nous a mené à Saclay. Mais nous ne l’avons pas fait par dépit : nous avons toujours eu un intérêt pour ce projet. Un projet nouveau et ambitieux dont on ne connaissait pas les contours. Je dois avouer que j’étais un peu effrayé au début, car il n’était pas très axé SHS. Mais j’avais la conviction qu’il fallait y aller tous ensemble.
Autre étape importante : l’échec au jury Idex en 2011, parce qu’il est salvateur. C’est une prise de conscience, qui nous a obligé à prendre les problèmes, sur le fond, d’une autre manière, notam- ment les doctorats et les masters.
Il y a un autre moment clef. En novembre 2014, la Maison de l’archi- tecture consacre une exposition à Saclay. Tout le monde est réuni. Et Jacques Biot déclare publiquement que l’établissement Paris- Saclay est une sorte de « filiale » de nos établissements. Dès lors, nous sentons bien que nous ne sommes pas tous sur la même ligne. Ce n’était pas la nôtre.
Le 25/10/2017, Emmanuel Macron dénoue quelque chose qu’il fal- lait clarifier, en actant le projet de Polytechnique. Le moment est souhaitable, mais un peu douloureux, avec une sensation de “deux poids deux mesures”. Mais nous avons alors le sentiment d’avoir surmonté une injonction contradictoire : “Faites un projet à 19, alors que d’autres gens feront tout pour le défaire”.
Et nous arrivons à un point aujourd’hui qui est assez cohérent par rapport à l’histoire.
Nous avons toujours eu
un intérêt pour ce projet
Pierre- Paul Zalio
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