Page 8 - GRAND ENTRETIEN
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Gilles Trystram : Si nous avons pu avancer après le 25/10/2017, c’est que nous avons pu enlever des verrous sur des sujets, et peut-être aussi sur des conflits de personnes.
Cela n’était pas forcément dû au nombre d’ac- teurs. C’était aussi parce qu’il y avait des ten- sions difficiles à résoudre, sur des visions diffé- rentes, ou sur l’existence de champs de recouvrement entre acteurs.
Pierre- Paul Zalio
Sylvie Retailleau : Oui, il y a des aspects cultu-
rels. Nous avions bien vu qu’il n’était pas pos-
sible de mettre Polytechnique avec une univer-
sité. L’école se disait “université” et voyait
l’intérêt de se présenter comme telle à l’international. Mais elle ne voulait pas
accepter d’être sous un même chapeau que des universités de type français, même l’Université Paris-Sud.
Il fallait arrêter, on ne s’en serait pas sortis.
Même s’il n’y avait pas eu ce désaccord, avec CentraleSupélec, Polytechnique, l’Ensta Paris, Télé- com Paris... et donc autant d’écoles, il était difficile que chacun prenne une place, et de dessiner un paysage, même avec de la bonne volonté. Le numérique, par exemple, est transverse : il serait compliqué de dire que c’est Télécom Paris qui porte le sujet. Et quelle place pour Polytechnique, une école d’ingénieurs ?
Après 2017, chacun a donc trouvé une place plus naturelle.
Bernard Belloc: Aujourd’hui, ce sont des acteurs de même culture et avec une cohérence scienti- fique, qui sont rassemblés dans Paris-Saclay.
Est-ce que vous regrettez de ne pas avoir fait ce constat plus tôt, qui vous a fina- lement fait perdre du temps ?
Sylvie Retailleau : On nous a poussé à continuer. Parfois, on nous disait d’innover et que nous serions soutenus, d’autres fois, on nous imposait de rester ensemble.
Une semaine après mon élection à la présidence de l’Université Paris-Sud, en 2016, j’ai reçu Jacques Biot, président de Polytechnique, pendant deux heures. Je lui ai proposé que nous construisions un projet Paris-Sud/Polytechnique à proposer à tous nos partenaires, mais rien n’est venu. A partir de mai 2017, nous n’avons plus travaillé tous ensemble, c’était plusieurs mois avant l’annonce présidentielle.
Pierre-Paul Zalio : Nous étions un peu sous la pression de l’idée de ce qu’on attendait de nous : l’État, l’Idex. Il fallait que l’on réussisse tous ensemble.
NEWS TANK 8 LE TRÈS GRAND ENTRETIEN
Le très grand entretien