Page 10 - GRAND ENTRETIEN
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 Bernard Belloc : Cela, les hommes politiques ne le soupçonnent pas.
Je veux revenir sur le désir des com- munautés de travailler ensemble sur deux projets que j’ai en mémoire de l’époque où j’étais à l’Élysée :
l le Crest, le département d’économé-
trie de Polytechnique et de l’Ensae (Genes) ;
l la fondation mathématique Jacques Hadamard que m’a proposée Yves Laszlo, désormais à Polytechnique.
Ce sont les équipes qui m’ont fait la demande de soutenir ces projets. Et cela a été financé par le PIA et le plan Campus, , dans des conditions qui formellement ne respectaient pas exactement les contraintes imposées par ces programmes. Mais c’était pour la bonne cause.
Pierre-Paul Zalio : Oui, le Crest est un excellent projet. J’ai été au CA du Genes et j’ai vu que ce rap- prochement est un très beau projet, avec un changement de culture, puisque l’on passe d’un service d’administration à une UMR. Mais nous aurions pu faire le centre d’économie de Paris- Saclay.
Sylvie Retailleau : Oui...
Pierre-Paul Zalio : Et si on avait le centre d’économie de Paris-Saclay avec toutes les forces de l’Université Paris-Sud, d’AgroParisTech, de l’ENS et des autres autour de la pépite qu’est le Crest, on aurait vraiment marqué des points...par rapport à l’international.
Bernard Belloc : A ma décharge, nous avons dit oui tout de suite au projet proposé par les respon- sables. Il aurait été difficile de prendre le moindre risque d’échec de ces rapprochements proposés par les scientifiques eux-mêmes en essayant de l’élargir davantage.
Pierre-Paul Zalio : Certes, mais c’est l’une des externalités un peu négatives.
Sylvie Retailleau : Nous étions dans un système où la politique et la stratégie se faisaient avec des personnalités scientifiques mais aussi des alumni, des corps qui venaient voir directement l’État.
J’espère qu’aujourd’hui, ça ne pourrait plus se passer de la même façon : les chercheurs doivent aller voir d’abord leur université. C’est à leur université de porter une politique scientifique dans le cadre d’une politique nationale. Il faut que nous ayons un État stratège et des universités fortes portant leur stratégie.
Bernard Belloc : Oui, paradoxalement, l’État n’était pas stratège du tout et avait donc pour seul mot d’ordre “tous ensemble”, ce qui n’est pas une stratégie. De plus, aucun établissement ne por- tait quelque chose : ni Polytechnique, ni Paris-Sud. Il y avait alors un vide absolu de stratégie d’éta- blissement et de l’État. J’ai vraiment été impressionné de voir cette volonté venant des commu- nautés scientifiques, avec les exemples du Crest et de la fondation Hadamard.
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 Le très grand entretien
 


















































































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