Page 25 - GRAND ENTRETIEN
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Le très grand entretien
est pour moi un faux problème. Si vous en parlez à un collègue étranger, il ne sait pas de quoi il s’agit.
Mais le modèle est assez innovant, il pourrait servir d’ins- piration, je me suis d’ailleurs demandé pourquoi il n’y en avait pas d’autres en France.
Par contre, je m’interroge sur la façon dont vous allez assurer une certaine fluidité entre l’école universitaire de premier cycle et le reste de l’université, notamment s’agissant des enseignants-chercheurs ? Celui qui ne décolle pas en recherche va-t-il se voir rester 40 ans en école universitaire de premier cycle – ce qui n’a rien de déshonorant au passage ?
Sylvie Retailleau : C’est un risque, c’est typiquement une crainte des collègues et une évolution qu’ils attendent d’observer.
Il ne faut pas nier ce risque, mais ce n’est pas notre volonté.
Nous y répondons d’abord en expliquant que, dans l’école de premier cycle, il n’y a que des étu- diants, et pas de collègues affiliés. C’est capital pour faire vivre ce modèle et éviter ce qui, au pas- sage, existe déjà aujourd’hui dans les universités, avec des collègues “assignés” au premier cycle. L’idée c’est de faire mieux qu’aujourd’hui.
Faire une continuité L-M-D avec un adossement à la recherche, sans collègues qui soient affectés à la structure : voilà le challenge que nous devons relever.
NT : Comment allez-vous faire ?
Sylvie Retailleau : D’abord avec les structures qui font déjà cela et que l’on met à l’intérieur de l’école de premier cycle : les IUT. On les met dedans et on va essayer de donner la possibilité, sans casser la dynamique pédagogique des IUT, qu’il y ait 10% de liberté de service, sans heures com- plémentaires obligatoires, pour que les collègues aillent enseigner ailleurs, et, symétriquement, organiser l’implication de collègues d’UFR au sein d’équipes pédagogiques des IUT.
La bonne coordination de l’école doit permettre une fluidité des services, des partages de savoir- faire, des bonnes pratiques pédagogiques et l’on doit prendre garde que les collègues, dans leur grande majorité, enseignent en L et M : cela reste de la responsabilité des composantes.
Bernard Belloc : Ce sera difficile mais je vous souhaite de réussir !
Sylvie Retailleau : Déjà, la présidente actuelle va aller enseigner en premier cycle dans cette école.
Et je sais que beaucoup de collègues vont le faire.
Bernard Belloc : Si je vois un risque, il est là. Le reste, comme le CA à 50/50, est très positif. Je le vois au sein de la fondation Jean-Jacques Laffont où le CA est très réduit, on se concentre sur les sujets stratégiques. Et on n’a pas le couteau sous la gorge de la part de nos grands donateurs.
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