Page 23 - GRAND ENTRETIEN
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qu’on les mette dans un système universitaire avec de la recherche et qu’on les stimule. C’est ça nos doubles diplômes, c’est donner à manger à tous et être attractifs.
A côté, l’école de premier cycle, c’est aussi donner à manger, mais autrement. En donnant du temps à chacun, avec les contrats pédagogiques, en valorisant l’enseignement dans la carrière des E-C - même pour une université de recherche, cela sera pris en compte dans leurs promotions locales.
C’est cela que les collègues attendent, que tout cela prenne forme. Si, dans deux ans, on a pro- gressé là-dessus, si on a fait la preuve de concept et qu’ils ne continuent pas à galérer, alors ils adhéreront. Aujourd’hui, à Saclay, je crois qu’une majorité de la population est prête à nous suivre, mais elle demande des faits.
Pierre-Paul Zalio : Je souscris totalement à ce qu’a dit Sylvie. Mettons-nous à la place des collè- gues - on revient nous-mêmes de temps en temps devant des étudiants ou élèves, on en suit encore un peu. Dans nos universités, il y a une fierté d’appartenir aux établissements de Saclay, mais le système est jugé comme sous-financé, ce qui n’est pas faux. Les collègues constatent qu’il est sous-administré, c’est pour cela qu’on leur déconcentre des tâches administratives qui ne sont pas leur métier. Ils s’inquiètent aussi du partage entre excellence académique et avenir du service public - les élèves qui entrent à l’ENS
ont eu le choix de faire une école d’ingénieurs et s’ils nous ont choisis c’est souvent parce qu’ils ont un attachement fort au service public. Et ils s’inquiètent enfin de voir que dans les standards internationaux, la priorité ne va pas à la liberté académique.
Je fais le pari qu’on sera capable de démon- trer que l’engagement dans notre projet répondra à leurs attentes. C’est en cela que nous sommes, je pense, très différents de PSL, parce que l’on entend répondre à l’en- semble de ces enjeux.
Je pense aussi que le système de gouver-
nance qui a été retenu - un CA, un CAC, un
comité de direction, un bureau, toutes les
commissions, en résumé un mix entre écoles
et universités - est un bon moyen d’arriver à cet objectif en termes d’équilibre.
Gilles Trystram : Quand Pierre-Paul dit que les étudiants de l’ENS ont un souci fort du service public, j’ajouterais volontiers que l’on va avoir à faire, beaucoup, dans les années qui viennent, à des jeunes qui font du bien commun une priorité. Ils attendent de vrais changements, y compris dans leur relation avec les institutions et les enseignants-chercheurs.
Je suis convaincu que tous nos enseignants-chercheurs ont besoin de temps, de sérénité, et qu’on leur “foute la paix”. Soyons très simples. Depuis 2007, c’est eux qui ont écrit l’histoire que l’on a retracée tout à l’heure. Ce sont les mêmes qui ont monté les formations. A présent, il leur faut du temps pour eux, qu’ils travaillent, se reposent, se ressourcent.
     NEWS TANK 23 LE TRÈS GRAND ENTRETIEN
 Le très grand entretien
  



















































































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