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Le très grand entretien
La transformation interne et l’enjeu des communautés
NT : Le projet d’Université Paris-Saclay est désormais sur les rails. Avez-vous le sentiment que vos communautés sont convaincues de son bien-fondé ? Ou au contraire avez-vous “perdu” une partie de vos collègues au fil d’un dossier qui a mis du temps à se concrétiser ?
Sylvie Retailleau : Ce n’est pas noir ou blanc, ce n’est pas “on les a perdus” ou “on ne les a pas perdus”. A Paris- Saclay, on a eu de très bons votes lorsque les instances ont dû se prononcer sur le projet de statuts. Mais, aujourd’hui, les gens attendent de voir le résultat. Cer- tains voient la nécessité de faire atterrir le projet, l’absolu
besoin de faire évoluer le monde de l’ESR. Il n’en reste pas moins que les craintes du modèle qu’on propose sont fortes. Ainsi, ceux
qui ne sont pas contre le projet ne sont pas obligatoirement pour.
Cela veut dire qu’on est sur un fil et qu’ils attendent de voir la concrétisation de ce que peut don- ner le modèle. Ils se posent de nombreuses questions et c’est normal et sain.
NT : Vous avez notamment prévu un CA à 50/50... La « démocratie » universitaire sera-t-elle préservée ?
Sylvie Retailleau : Cela fait partie des questions que les collègues se posent. La présence réelle d’extérieurs qui vont apporter des choses, s’impliquer dans le système, faire en sorte que l’on se rapproche sans nous imposer un modèle, et au final aider à ce que nos jeunes s’insèrent mieux ? Qu’est-ce que le rapprochement avec l’extérieur ? Va-t-on être au garde à vous ou va-t-on garder notre liberté académique ?
Ce qu’il faut, c’est redonner une démocratie avec de vrais débats, que ce ne soient pas toujours les mêmes qui s’expriment dans l’ensemble des conseils, qu’on s’écoute et qu’ensuite les déci- sions soient prises et pas imposées parce que des personnalités extérieures sont “à la botte” du président.
Ce n’est pas facile et cela peut basculer. Je mesure les risques de tous ces changements mais le plus grand risque pour moi, serait de ne rien faire. Les gens attendent donc de voir comment le projet va se concrétiser et beaucoup sont prêts à participer, ce qu’ils font déjà dans la construction.
Bernard Belloc : Il faut une collégialité, comme le disait Christine Musselin, la démocratie universi- taire, cela n’existe pas, ou plutôt la démocratie n’a que peu de chose à voir avec le monde acadé- mique.
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