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Saclay, d’être avec le CNRS, l’Inra, Inria et l’Inserm, dans un dialogue stratégique, parce que sinon nos campagnes d’emploi n’ont aucun sens, ni nos investissements.
Je dirige un établissement qui produit massivement des académiques et des chercheurs. Si la projection que l’on fait de notre formation vers des disciplines et des recherches n’est pas faite main dans la main avec la stratégie même des organismes, on a raté le sujet.
Mais ce n’est pas si facile, parce qu’à un moment donné, il y a des choses orthogonales : déve- lopper dix universités de rang mondial aux standards internationaux et en même temps affirmer la souveraineté d’un certain nombre d’organismes de recherche dans la représenta- tion internationale et les grands accords, ça a une limite...
Gilles Trystram : Et on peut ajouter : est-il pos- sible de développer des réponses à des grands défis scientifiques, sans codévelopper la for- mation qui va avec et qui forme les cadres ? C’est bien l’enjeu des graduate schools. Bien construire ensemble tout cela est essentiel autant pour les organismes que les universités.
Pierre-Paul Zalio : C’est pour cela que cette
orthogonalité-là, elle explique que ce n’est pas un problème de personne du
tout. D’ailleurs, toutes ces personnes qu’on pourrait énumérer sont, je pense, toutes convaincues de l’intégration formation-recherche.
Aucun dirigeant n’est prêt à enterrer son organisme...
Bernard Belloc : Personne ne veut enterrer personne. Quand vous êtes à la tête d’un organisme ou d’une institution, le schéma c’est quand même celui de l’institution, sinon il ne fallait pas être candidat à sa direction.
L’université forme des personnels, qui vont être soit dans l’encadrement en général soit dans la recherche, et sur ce dernier point il ne faut pas être orthogonal avec la politique d’ouverture de postes dans les différents secteurs des organismes.
On voit bien que la difficulté est toujours la même : je ne veux pas remettre le feu que j’avais pu mettre à une époque sur les organismes comme agences de moyens, mais c’est quand même une vieille chose qui tourne à la CPU depuis vingt ans ! Les présidents d’université se font plaisir entre eux en disant que les organismes de recherche devraient être des agences de moyens...
Le problème est en partie là, notamment parce que lorsque les organismes recrutent du person- nel scientifique, c’est bien ce pouvoir de recrutement, autonome et qui leur est propre, qui doit être aligné avec la formation des universités, mais aussi leur politique de recrutement. Sinon ça ne va pas, et les docteurs formés dans les universités ne trouveront pas de place dans les orga- nismes ou alors ça ne se passera pas bien.
On peut nier ce problème et dire qu’on ne va pas faire le grand soir, mais le paysage français est quand même compliqué par cet aspect des choses. C’est un point de vigilance très accrue qu’il
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