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L’Italie et le mythe
de la dépense publique pour le bien de la zone euro
 Faut-il laisser filer la dette publique ? La question resurgit à l’aune de la position du nouveau gouvernement italien : il répond oui à la question alors que l’Europe y répond, pour l’instant, non. Ainsi, il tente l’autre option mais s’affranchit des règles communautaires.
Le 23 octobre dernier, la Commission européenne a rejeté sans
surprise le projet de budget du gouvernement italien au motif qu’il conduit à un déficit excessif. Ce budget prévoit en effet un accroissement net des dépenses publiques et des réductions fiscales pour un montant de 22milliards d’euros. Les dépenses concernent essentiellement la mise en place d’un revenu citoyen (revenu univer- sel), le retour de la
retraite à 60 ans contre 62 ans, l’annulation de l’augmentation prévue de la TVA et la mise en place d’une flat-tax pour les petites entreprises dont le nombre est significatif en Italie. Ce budget engendrera un déficit de 2,4% contre 0,8% prévu initialement pour 2019. En soi, le chiffre de 2,4 % n’est pas si élevé et reste en dessous le seuil fatidique de 3%. Après tout, la France n’affiche-t-elle pas des déficits plus élevés à la fois pour cette année avec un déficit revu à la hausse de 2,6 %
et l’année prochaine à 2,8 %* ? Cependant la différence réside dans le poids de la dette publique : celle de l’Italie est proche de 130 % du PIB contre
ministre Di Maio ait appris de la tragédie grecque qui s’est jouée pendant l’été 2015. Plutôt que de brandir la sortie de l’Euro
et la souveraineté du peuple italien, il joue la corde sensible de l’efficacité contestée de l’austérité budgétaire pour renouer avec la croissance.
En effet, il n’y a unanimité sur la question de l’efficacité de l’austérité budgétaire ni au sein des pays de la zone euro,
ni au sein des économistes. La récente contribution d’Olivier Blanchard (MIT) et Jeromin Zettelmyer pour le Peterson Institute for International Economics en est une preuve supplémentaire même s’ils mettent sérieusement en doute le bien-fondé de la proposition du budget italien. En effet, ils expliquent qu’il y a deux points de vue sur la question. Dans un contexte de fort endettement, un pays peut gagner à mettre en œuvre une politique de restriction budgétaire parce qu’elle aura la vertu d’augmen- ter ses capacités de rembour- sement et de réduire le taux d’intérêt auquel il emprunte
ce qui a un effet bénéfique sur la croissance. C’est la politique préconisée par la Banque centrale européenne et celle
moins de
elle est supérieure à 100 % depuis près de 30 ans. L’héritage est ancien... Comment défendre alors l’idée
DI MAIO JOUE LA CORDE SENSIBLE DE L’EFFICACITÉ CONTESTÉE DE L’AUSTÉRITÉ BUDGÉTAIRE
que le salut de l’économie passe par la relance de
la dépense publique quand un pays a un tel historique d’endettement ?
Le mythe de la dépense publique vertueuse comme modèle pour la zone euro... la faute aux économistes... Dans une certaine mesure,
il semble que le vice-Premier
100 % en France et
  *Avant annonces récentes du Gouvernement
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 ANALYSE












































































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