Page 16 - Think Culture 2019
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                [TABLES RONDES]
   Le tourisme culturel : un potentiel
encore inexploité ?
Comment démultiplier l’offre culturelle en France et en faire une actrice de la valorisation du territoire ? Comment construire un tourisme culturel durable ?
      think culture 2019 • 16
Laurent Mazurier
Célia Vérot
Un patrimoine vivant
« Il faut trouver un équilibre entre toutes les fonctions de la ville, aussi bien pour les habitants, les commerçants, les acteurs économiques, que les visiteurs. Le travail avec les acteurs du tourisme est parfois difficile, d’abord parce que nous n’avons pas la même temporalité. Le patrimoine s’envisage sur un temps long, alors que dans le secteur touris- tique, les stratégies marketing s’éta- blissent au maximum sur 2 ou 3 ans et les acteurs raisonnent toujours par sai- son. Il faut arrêter de mesurer le succès d’un projet touristique au flux qu’il génère. L’objectif martelé par l’État fran- çais de 100 millions de visiteurs étran- gers en 2020 n’a aucun sens. Il ne corres- pond à rien en termes de retombées économiques, et exclut l’impact sur le cadre de vie, la qualité des rencontres, etc. »
Laurent Mazurier, directeur de l’associa- tion Petites cités de caractère
Augmenter l’attractivité
« En région PACA, l’émer- gence, ces dernières années, de nombreuses fondations privées d’art contemporain, génère des flux touristiques totalement différents, ainsi qu’un allongement du temps de séjour. Pour augmenter cette attractivité, la Région a confié au FRAC, en tant qu’opérateur régional, la mise en place d’itinéraires fédérant une quarantaine de
lieux qui sont dépositaires de collections d’art moderne et/ou d’art contemporain. L’initiative va se mettre en place en mars 2020. Cela oblige à changer notre façon de concevoir nos projets et à être dans un compagnonnage étroit avec les acteurs du tourisme. »
Pascal Neveux, directeur du FRAC Provence-Alpes-Côte-d’Azur
Recréer du lien social
« La Fondation de France a une vision très entrepreneuriale de la culture. Notre action ne consiste pas forcément à res- taurer du patrimoine pour sa beauté, pour son agrément ou pour son intérêt historique et scientifique, mais avant tout pour son impact économique et social. Le premier impact qu’on constate sur le terrain est la mobilisation de la participation citoyenne, la recréation de lien social.
Nous aimerions dorénavant développer
une action de valorisation des sites, en lien avec la Mission Bern. Nous envisa- geons le tourisme durable comme un accompagnement financier du patri- moine des territoires qui, à tort ou à rai- son, vivent une sorte d’éloignement. Ils ont besoin d’un retour économique et sociétal pour que - et c’est là que ça devient durable -, non seulement il y ait des touristes qui passent, mais de la population qui reste et qui s’installe. » Célia Vérot, directrice générale
de la Fondation du patrimoine
Slow tourisme
« On parle de plus en plus de slow tourisme en France, les gens prennent le temps d’aller (re) découvrir leur pays, de se tourner vers des sites touristiques qui ne sont pas connus. C’est le cas aussi pour les touristes internationaux et, en particulier, pour les touristes chinois. L’art de vivre, mais aussi l’art contemporain, sont demandés.
La notion d’“expérience” est absolument capitale dans le tourisme aujourd’hui. Le deu- xième enjeu est de réussir à adapter le contenu car on ne peut pas raconter la France de la même façon à un visiteur étranger. »
Caroline Paul, directrice générale de Talents Travel
Pascal Neveux
Caroline Paul
    









































































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