Page 17 - Think Culture 2019
P. 17
Suzanne Combo
Myriam Mechita
Les artistes : bientôt tous entrepreneurs ?
Devenir entrepreneurs émanciperait les créateurs du lien de subordination ou de dépendance à l’égard du producteur ou du galeriste. Un mouvement de fond est-il enclenché ? Quelles conséquences en résulte-t-il sur le statut de l’artiste ?
Pascal Foy
Philippe Gautier
Diversité des profils
« L’entrepreneuriat recoupe différents statuts possibles : auto-entreprise, SARL, SAS, etc. Il y a une diversité dans les profils : certains artistes ont vocation à être entrepreneurs, d’autres veulent se consacrer uniquement à la création artistique et s’entourent de nombreux partenaires. D’autres enfin y voient une manière de contrôler la totalité de la chaîne, de la création à la diffusion de leurs œuvres. »
Suzanne Combo, déléguée générale de la GAM
L’enseignement comme compromis
« Les affiliations à la Maison des artistes ne sont validées qu’à partir d’un certain volume de ventes ou d’honoraires. Les artistes plasticiens doivent financer leur lieu de travail, les matériaux de produc- tion, les caisses, les transports, l’assu- rance professionnelle tout en travaillant sans être rémunérés.
L’enseignement est un bon compromis car l’éducation artistique est la clé de beaucoup de choses. Mais les places de professeur en écoles d’art sont rares. Il y a 57 écoles d’art en France et seul un poste
ou deux disponibles par an car les départs à la retraite ne sont pas remplacés. Une charte a été mise en place pour rémunérer les artistes (la charte des bonnes pratiques dans les centres d’art contemporain publiée par d.c.a. le 23/04/2019, NDLR), mais cela dépend du bon vouloir du lieu qui vous invite. »
Myriam Mechita, artiste plasticienne Protection sociale
« Si les artistes sont bientôt tous entrepreneurs, cela pose aussi la question de la coordination des régimes de protection sociale. Actuellement,
les différents régimes sociaux, liés aux différentes activités, ne sont pas très compatibles. Il est compliqué lorsque l’on est “slasheur” d’avoir une pérennité en matière de protection sociale. L’artiste a une assurance maladie au titre de l’activité principale uniquement. Pour la retraite en revanche, il peut acquérir des droits en tant que salarié, en tant qu’indépendant, en tant qu’auteur et au final bénéficier des droits au titre des différents régimes. »
Pascal Foy, responsable missions entreprises chez Audiens
J’attends de
la considération,
de la simplification
et de la lisibilité
du statut de plasticien.
Myriam Mechita
Un plus grand nombre d’artistes salariés
« Dans la branche du spectacle vivant en France, la tendance n’est pas à la raréfaction des artistes salariés. Au contraire, le nombre croît chaque année progressivement. Il faut analyser ce que les artistes gagnent à être entrepreneurs et ce qu’ils y perdent. Depuis que le statut de micro-entreprise a été mis en place, les pressions sont fortes pour contraindre les artistes à adopter ce statut. »
Philippe Gautier, secrétaire général de la SNAM-CGT
17 • think culture 2019