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 Des likes aux aspirations
«La nouvelle génération est épouvantable. J'aimerais tellement en faire partie!»
disait Oscar Wilde. Le sens de la formule du poète irlandais fait mouche, encore une fois, tant cette jeunesse du XXIe siècle a de quoi surprendre.
 Sur certains points,
ils se distinguent
mais n’échappent pas à une règle immuable : chaque nouvelle
génération s’expose à l’œil critique, choqué et un peu jaloux de ses aînés. Les Gen Z seraient ainsi narcissiques, incapables de maintenir leur attention ni même de distinguer le virtuel du réel. Ils sont surtout le fruit d’un monde qui a accéléré sa course et placé entre leurs mains de puissants outils pour le changer en profondeur.
Changement de tempo
Ils sont peut-être moins idéalistes que les « jeunes d’avant », comme le pointent certaines études, et plus pragmatiques. Leurs aspirations sont multiples et convergent toutes vers une plus grande liberté de choix et d’action, comme la recherche d’un meilleur équilibre de vie. Avec eux, les gammes habituelles des DRH deviennent de fausses notes. Aux pro- messes d’un plan de carrière sécurisé, les « Gen Z » répondent flexibilité et liberté. « Ce qui rend cette génération différente de toutes les autres est sa temporalité », esquisse Patrice Huerre, psychiatre et auteur de nombreux ouvrages
sur la jeune génération(1).
Il décrit des jeunes qui
« bifurquent facilement », sans considérer ces changements de cap comme des échecs « mais valorisant plutôt leur souplesse et capacité d’adaptation, qui sont certainement des atouts dans le monde actuel ».
Accusés digitaux
Forcément, les accusations de volatilité et d’infidélité guettent. Difficile de leur donner tort quand, selon une étude menée par OpinionWay pour le cabinet Mazars, un jeune sur deux estime que le CDI a vocation à disparaître au profit du travail en freelance et un sur trois souhaite cumuler trois activités ou plus ! Ce cabinet d’audit a d’ailleurs, depuis, supprimé des contrats la traditionnelle clause empêchant leurs salariés de travailler ailleurs... Afin de les garder. Pas sûr que les DRH qui cherchent la bonne formule pour les fidéliser soient au bout de leurs peines.
Puis, il y a, bien sûr, le digital, auquel il est si tentant de faire porter le chapeau de nos incompréhensions relatives à cette génération. Certes, elle n’a pas connu le monde d’avant,
« une idée assez difficile à accepter pour leurs aînés », mais ne compte pas beaucoup
plus d’accros aux écrans que les autres groupes d’âge.
« L’outil numérique est constitutif de leur personne.
Il est tellement familier que les jeunes ne comprendraient pas qu’on l’utilise dans la vie privée mais pas au travail ou à l’école. Les employeurs le savent ; l’enseignement supérieur l’a aussi intégré. Mais avant le bac, c’est encore l’incompréhen- sion », observe Patrice Huerre.
(1) Dernier livre de Patrice Huerre,
« L’autorité en question, nouveaux mondes, nouveaux chefs », Éd. Odile Jacob, 2021.
La gen Z au travail
• 76% se déclarent fiers d’appartenir à leur entreprise (1)
• 1 jeune sur 2 souhaite pouvoir cumuler un poste fixe
avec un emploi indépendant (1)
• 69 % aimeraient avoir une expérience professionnelle à l’étranger (2)
• 47 % pensent à créer leur entreprise (2)
(1) Études Opinion Way/ Mazars, 2020
(2) Étude BNP Paribas
et The Boson Project, 2019
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