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«Les étudiants ont besoin d’une fenêtre sur la réalité»
 La nouvelle génération d’étudiants a ses propres idées, les prépas, elles aussi, évoluent. Ouverture au monde, quête de sens et de concret, continuum lycée-études...
Nous avons évoqué ces thèmes avec Alain Joyeux, Président de l’APHEC.
Quels sont les changements attendus par la nouvelle génération ?
Une différence saute aux yeux par rapport aux générations précédentes: c’est la quête
de sens. Les étudiants sont
tout aussi travailleurs, mais ils exigent de savoir pourquoi ils travaillent et ont toujours besoin d’une fenêtre sur la réalité.
Ils veulent voir, rencontrer des chefs d’entreprise par exemple, leur poser des questions, effleurer la réalité des métiers. Même en grande école, ils ne se contentent nullement d’une formation purement technique. La prépa leur apporte la réflexion intellectuelle, mais
ils tiennent à rester proches du monde qui les entoure.
Comment les CPGE abordent- elles cette évolution ?
Les étudiants qui intègrent une classe préparatoire doivent y trouver ce qui fait notre socle: un enseignement d’excellence, comprenant une culture générale dense, de la métho- dologie et un fort esprit de synthèse. Cette génération sait qu’elle exercera des métiers qui n’existent pas encore.
Nous devons lui donner les clés pour aborder la complexité, apprendre à s’adapter, se reconvertir... car au cours de
leur carrière, ils devront sans cesse changer de technologie et de métier.
TRAVAILLER EN SYNERGIE POUR RENDRE LE CONTINUUM PLUS LISIBLE
Ces bouleversements rendent
le rôle des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) d’autant plus crucial. Car ce que les entreprises rechercheront désormais, ce sont davantage des potentiels que des compé- tences techniques. Elles veulent des managers capables d’anticiper, de comprendre. Pour dialoguer avec un client chinois par exemple, qui est mieux placé qu’un manager qui a appris la philosophie, l’histoire, la géopolitique, l’économie et bénéficié d’un regard transver- sal sur le monde ?
Comment renforcez-vous le lien entre les étudiants et la réalité de l’entreprise?
Nous créons de plus en plus d’échanges avec les entreprises. Certaines d’entre elles viennent
dans nos lycées expliquer
leur métier et répondre aux questions des étudiants.
Elles sont toujours écoutées attentivement ! D’un autre côté, quarante lycées ont expérimen- té, cette année, une immersion d’une ou deux semaines en entreprise avec une mission simple à réaliser, pour éviter la passivité de la simple observa- tion. C’est une démarche importante, qui répond à un vrai besoin des étudiants et que nous élargirons sans doute aux autres établissements.
Quid du passage à l’école ? Est-il vécu de manière plus fluide qu’auparavant?
C’est l’un de nos principaux axes de travail avec les grandes écoles : concevoir le continuum entre nos enseignements. Améliorer ce tuilage est essentiel: nous ne devons plus considérer les études en 2 ans+ 3 ans, mais bien en un bloc
de 5 ans.
Après la prépa, certains étudiants ne vivent pas très bien leur début à l’école, ils ont l’impression de ne pas utiliser toute l’énergie qu’ils pourraient déployer. Mais, heureusement, les écoles changent et beaucoup d’entre elles redonnent une vraie place à la culture générale en début de programme grande
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