Page 11 - Think Culture 2019
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Laëtitia Stagnara
Culture et entreprise :
de nouvelles hybridations ?
Les rapports entre culture et entreprise ont longtemps été marqués par une certaine défiance réci- proque, mais de nouvelles formes de collaboration émergent. Quelles sont leurs formes et avantages ?
Accompagner
les entreprises
« Nous essayons à la Gaîté Lyrique de construire avec les entreprises d’autres formes de relations. Chaque fois, ces col- laborations partent d’un dialogue avec une marque dont l’ambition est de parler autrement d’elle. Pour la Gaîté Lyrique, il s’agit d’aborder un angle programma- tique qui lui ressemble avec plus de moyens.
Le fait de prospecter les pratiques cultu- relles émergentes et les nouvelles formes artistiques, à l’intersection entre art et technologie, nous donne un “coup d’avance” sur les entreprises pour sentir les nouvelles tendances. C’est un moyen pour nous de les accompagner dans la définition de leurs enjeux stratégiques par rapport aux enjeux qui se jouent dans la société. »
Laëtitia Stagnara, directrice générale de La Gaîté Lyrique (Paris 3e)
Territoire d’exploration
artistique
« Au Carreau du Temple, il y a trois niveaux de collaborations avec les entreprises : la privatisation ou la location d’espaces (qui
doit correspondre à l’âme de notre éta- blissement), le mécénat, où notre objectif est de présenter à une entreprise un pro- jet que nous avons conçu pour qu’elle le finance, et enfin la co-construction d’un projet spécifique, qui nous permet d’éla- borer de nouvelles relations avec le monde de l’entreprise.
L’entreprise est à la fois un formidable levier de développement des publics et un territoire d’exploration inouï pour les artistes. Les chefs de PME sont très peu sollicités et, en collaborant avec une structure culturelle et un artiste, ils ont le sentiment de s’engager dans la vie de la cité. »
Sandrina Martins, directrice générale du Carreau du Temple (Paris 3e)
Un changement culturel
et de mentalité
« La collaboration avec les marques et les entreprises est au cœur des Maga- sins Généraux, fondés au sein de l’agence de publicité BETC. Les direc- teurs artistiques imaginent des projets en allant capter les grandes tendances sociales et sociétales et les mettent au regard du prisme de la création. Les Magasins Généraux ne fonctionnent
La porosité entre art,
société et économie est
aujourd’hui plus palpable.
Eugénie Lefebvre
qu’avec des programmations de saison culturelle que nous imaginons en colla- boration avec des marques. L’ensemble de la programmation est gratuit, ce qui rend cette collaboration vitale.
Pour notre saison culturelle “Futures Of Love”, nous avons un partenariat avec l’application Tinder. Sur le plan artistique, Tinder participe à la programmation glo- bale de la saison sans pour autant tou- cher au travail curatorial des directeurs artistiques de BETC. Nous copions presque le modèle du sponsoring sportif puisque nous assumons que Tinder profite et bénéficie de cette collabora- tion à des fins de communication et de publicité. »
Eugénie Lefebvre, directrice générale des Magasins Généraux (Pantin, Seine-Saint- Denis)
Sandrina Martins
Eugénie Lefebvre
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