Page 25 - Think Culture 2019
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                [TABLE RONDE]
   Sylvaine Parriaux
Le mécénat
de proximité :
quelles
perspectives ?
Quelle est l’efficacité du mécénat de proximité et com- ment accroître son essor ? Quelles sont les bonnes démarches menées par les structures culturelles pour convaincre les mécènes, entreprises ou particuliers ?
      Marion Blanchet
Attractivité du territoire
« La culture représente aujourd’hui 25 % du budget total de mécénat. Ce secteur a tou- jours fait partie du trio de tête des domaines d’intervention des entreprises, même si le premier reste le mécénat social. Dans notre dernier baromètre, paru en 2018, on voit que le budget dédié à la culture a nettement progressé, passant de 15 % en 2015 à 25 % en 2017. Par ailleurs, la plus forte progression du nombre d’entre- prises mécènes est parmi les TPE, ce qui signifie qu’elles sont de plus en plus récep- tives au mécénat culturel.
Dans les sous-domaines de la culture, la création est toujours le parent pauvre. En revanche, de plus en plus d’actions visent à donner accès à la culture, et ce, tant en interne qu’en externe. Un autre point fort est que l’attractivité du territoire est la motivation principale des entreprises pour devenir mécènes.
Nous observons également une structu- ration de plus en plus présente à l’échelle des territoires, avec la création de pôles régionaux du mécénat, de missions mécé- nat par les collectivités territoriales, ou
encore de clubs de mécènes. L’article de loi adopté en décembre 2018 comporte une obligation de reporting. Les entreprises qui effectuent plus de 10 000 € de dons annuels au titre du mécénat doivent déclarer les noms des bénéfi- ciaires, avec montants et dates. Cela nous semble juste. En revanche, nous sommes contre l’obligation faite aux bénéficiaires de lister les contreparties, matérielles et immatérielles, et de les valori- ser, car cela complexifie beau- coup la relation et risque d’être un frein au développement du mécénat territorial. Les contreparties comptent particulière-
ment pour les petites entreprises. »
Sylvaine Parriaux, déléguée générale d’Admical
Moments privilégiés
« Après l’attractivité du territoire, la plus grande motivation des mécènes est d’of- frir à leurs collaborateurs un accès à une salle de spectacle et à des moments privi- légiés avec les artistes pour suivre le pro- cessus de création. »
Martine Legrand, directrice de la Scène nationale d’Albi
Approche par projet
« On pense toujours au mécénat financier, mais les PME n’ont pas forcément de stra- tégies de mécénat structurées ou d’impor- tantes sommes à apporter. Au Musée d’Aquitaine, nous avons donc aussi explo- ré la piste du mécénat de compétence ou en nature, qui sont une manière d’appro-
cher des entreprises sans les effrayer. Cer- taines entreprises abordées par ce biais transforment aujourd’hui leur contribution en mécénat financier. Par ailleurs, je me suis attachée à travailler par projet pour apporter des éléments très concrets aux entreprises, les aider à se retrouver au sein du musée.
La question d’un montant minimum pour le mécénat s’est posée, parce qu’il n’est pas évident de trouver des contreparties aux petits montants, et que cela repré- sente tout de même un travail important. Mais nous ne voulions pas fermer la porte aux entreprises qui voudraient démarrer avec un petit montant, alors nous avons fixé l’adhésion au cercle des mécènesà2500€.»
Marion Blanchet, responsable de la communication, du mécénat et des partenariats au Musée d’Aquitaine, Bordeaux
Proximité relationnelle
« Nous avons tous pris l’habitude de pou- voir contacter n’importe qui en direct, et ça a influencé la manière de donner. Auparavant, le don était fondé sur la relation avec des organisations de confiance. Aujourd’hui, on décide de soutenir un projet parce qu’on a une relation très directe avec la personne qui en est l’initiatrice.
Concernant les structures qui présentent des projets sur Ulule, nous constatons que cela fonctionne mieux pour celles qui sont les plus nouvelles, et n’ont pas de systèmes de communication de “l’an- cien monde”, hiérarchisés et où le moindre message doit être validé par la hiérarchie. »
Arnaud Burgot, directeur général, Ulule
Martine Legrand
Arnaud Burgot
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