Page 10 - Think Culture 2019
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                [TABLES RONDES]
   Stéphan Bourdoiseau
La diversification/ transformation
des activités : remède aux difficultés ?
La recherche de nouveaux modes de financement peut aussi impliquer un changement dans la nature des activités des structures culturelles. La stratégie multi- revenus est-elle source effective de ressources,
et à quelles conditions ?
     think culture 2019 • 10
Cécile Debray
Se placer au centre
du projet d’un artiste
« Le temps long de la transformation du marché de la musique nous a permis de nous adapter. Wagram Music propose toujours aux artistes-interprètes un tra- vail de production/distribution/promo- tion, mais nous offrons aussi la possibili- té de produire des spectacles, et d’enrichir les projets en matière d’audio- visuel, en produisant des séries, des documentaires et des films. Idem sur l’édition de livres. Je me place au centre du projet d’un artiste de musique, en essayant de lui apporter un maximum de valeur et pour qu’il soit le plus ambi- tieux possible.
Un opérateur unique investit beaucoup plus dans un projet que lorsque celui-ci est porté par plusieurs structures. Lors- qu’il y a différents opérateurs, l’un d’eux va forcément se demander ce que son investissement génère comme revenus pour l’autre. »
Stéphan Bourdoiseau, président et fondateur de Wagram Music
et Wagram Stories
Conserver l’ADN du lieu
« Lorsqu’on décide de diversi- fier ses activités, il faut garder une cohérence. Chez Stage, nous avons développé l’évé- nementiel, sans pour autant faire de Mogador un lieu d’évé- nements. Nous souhaitons plutôt que l’événement s’in- tègre à l’ADN du lieu. Lors- qu’une entreprise vient, nous lui proposons des services additionnels : des cours de théâtre ou de danse, chapeau-
tés par nos équipes. Nous avons aussi développé de l’“escape game“, en adéqua- tion avec l’histoire du théâtre. Créer des contenus annexes permet aussi d’attirer d’autres publics.
L’événementiel représente aujourd’hui 2 M€ de chiffre d’affaires sur un total de 15 à 16 M€. Pour accompagner cette activité, la flexibilité est nécessaire. Si un événement se prépare suffisamment en amont, nous pouvons prendre la décision d’annuler et reporter une séance pour le public. » Laurent Bentata, directeur général Stage Entertainment France
Attirer un public nouveau
« L’Orangerie est un petit musée, qui a une forte fréquentation touristique, parce qu’il renferme, outre une collection de 150 tableaux, les “Nymphéas” de Monet. Pour attirer un public francilien, et fidéliser aussi un public plus jeune, nous avons diversifié notre offre en proposant une programma- tion de danse contemporaine au sein des “Nymphéas”. Cela fonctionne très bien,
même si financièrement, cela ne repré- sente pas grand-chose puisque la jauge est d’une centaine de personnes. Qui plus est, nous avons volontairement proposé un prix attractif, pour attirer un public nou- veau, et inscrire l’Orangerie dans le réseau de la scène contemporaine. Au-delà de ce rendez-vous, nous avons multiplié les par- tenariats, avec la FIAC, le Festival d’Au- tomne ou la Nuit Blanche. Cela a eu l’effet escompté. Mieux, nous attirons aussi beaucoup de primo-visiteurs. »
Cécile Debray, directrice du Musée de l’Orangerie
Les concessions comme levier
« La croissance de Nova Consulting, de 50 % par an, est liée au fait que tous les acteurs culturels ont dû très rapidement faire évoluer leur modèle. Les aides publiques ont chuté de 10 points dans le financement global de la culture en 20 ans. Les autres revenus, issus de la billet- terie, des concessions ou du mécénat, ont parallèlement pris plus d’importance. Les leviers qui représentent l’essentiel du potentiel de croissance en France, pour les institutions muséales en premier lieu, sont les concessions : les boutiques et la restauration. Ces activités ne doivent cependant pas être développées unique- ment dans un objectif économique, mais aussi pour améliorer l’expérience du visi- teur. Une marque dans la culture, quelle qu’elle soit, peut-être une marque aussi forte et stratégique que dans l’entertain- ment. Elle doit être marketée, protégée juridiquement et développée de la même manière. »
Julien Bernard, président de Nova Consulting
Laurent Bentata
Julien Bernard
    







































































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