Page 29 - Think Culture 2019
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                  Des aides publiques aux levées de fonds
- les aides aux starts-ups culturelles : quelle efficacité ?
Il existe de nombreux dispositifs de soutien au déve- loppement des startups, qu’ils relèvent du droit com- mun (subventions, prêts...) ou qu’ils soient spécifiques (incubateurs, pôles de compétitivité, concours...). Ces différents soutiens sont-ils en phase avec les besoins propres des startups culturelles ?
   Clothilde Chalot
Elisabeth Le Hot
   L’innovation va plus
vite que le système
des subventions.
Clothilde Chalot,
directrice générale de NomadPlay
Intervention
des pouvoirs publics
« Dans l’économie française en général, le taux d’intervention bancaire est en moyenne de 46 % dans la création d’en- treprises, mais il tombe à 10 % lorsqu’il s’agit de la culture. Cela s’appelle une faille de marché, qui justifie l’interven- tion des pouvoirs publics.
Pour bénéficier de l’intervention de l’Ifcic, de la Caisse des dépôts ou de la BPI, il faut déjà être relativement structuré. Et quand un projet émerge, le plus simple pour l’aider dans ses premiers pas, c’est la subvention. Lorsqu’on suit l’ordre de développement d’une entreprise, on essaie de l’emmener ensuite vers le sec- teur bancaire, pour du prêt bonifié. Quand l’entreprise est encore un peu plus mature, on essaie de l’emmener sur du prêt participatif, à l’Ifcic par exemple, et enfin vers les fonds propres et les levées de fonds. Le président de la République a annoncé, le 13/05/2019, la création d’un fonds d’investissement pour les industries culturelles, de 225 M€. Ce dispositif s’accompagnera d’un renforcement des capacités de l’Ifcic en prêts participatifs.
Par ailleurs, nous savons
que l’accès des start-ups
aux grands établissements
culturels est un sujet. Nous
essayons de briser la
“Muraille de Chine“ qui peut
exister entre ces institutions
et le monde de l’entreprise,
en organisant notamment
des speed dating entre les
deux secteurs. Via nos aides
aux services innovants,
nous incitons également les
deux parties à nous propo-
ser des projets communs :
un service innovant porté par une start- up, adossé à un établissement culturel. » Élizabeth Le Hot, sous-directrice du déve- loppement de l’économie culturelle à la DGMIC (ministère de la Culture)
Micro-crédit
« Il est difficile, je pense, d’imaginer des licornes dans le monde culturel. C’est un secteur dont la croissance est lente, par nature. Mais, surtout, c’est un marché totalement atomisé, avec des gens tra- vaillant de manière très artisanale. Souvent, le problème du financement des start-ups culturelles pourrait être résolu par du micro-crédit : elles ont besoin de quelques milliers d’euros pour passer un cap. Mais elles ne les ont pas, et elles meurent. On a besoin de lisibilité sur les outils à disposition, mais peut-être y a-t-il besoin aussi de visibilité pour mettre en relation ceux qui ont des besoins et ceux qui ont les services, par exemple. Une plateforme globale qui recen- serait des appels d’offres pour l’innovation dans le secteur, par exemple, me semble déjà une première étape. »
Éric de Rugy, président de Delight et de la fédération Joice
Nous, incubateurs, sommes là pour rassurer les partenaires et les financeurs,
mais aussi pour donner de la lisibilité sur les outils existants, par rapport à la diversité des projets que nous pouvons accompagner, qui peuvent être parfois hybrides.
Marialya Bestougeff,
directrice de l’innovation au CentQuatre
   Eric De Rugy
Marialya Bestougeff
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