Page 2 - Think Culture 2019
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                édito
Financement de la culture : pour un changement maîtrisé
Quatrième édition de Think Culture, quatrième succès ! Plus de 1 100 inscrits, la progression continue, et cela est fort réjouissant. 75 inter- venants, tous dirigeants du secteur culturel et professionnels de haut niveau, dont 55% de femmes, oui 55%! Il faut le souligner avec force...
Si l’événement demeure dédié à l’innovation dans le pilotage de la culture, le fil conducteur était cette année « le financement de la culture : vers de nouveaux modèles ? » Le sujet est évidemment majeur et le titre indiquait qu’il s’agissait non seulement de faire le constat de la situation et de ses difficultés, mais aussi et surtout d’évoquer les solutions d’avenir, les voies de renouvellement, les pistes de
réflexion : nous n’avons pas été déçus !
L’innovation, qu’est-ce, et à quelles conditions ? Les trois personnalités qui ont introduit la journée ont, cha- cune, exprimé une part de ce qui est, au fond, l’essentiel. Laurence Engel, en rappelant que l’innovation, cet autre mot de l’adaptation selon elle, ne va pas sans respect de l’identité, celle de l’institution ou de l’équipe qui la porte. Jean Blaise, qui a affirmé que « l’énergie culturelle » irradiant d’un projet implique l’adhésion du ou des publics, dont découlera ensuite sa capacité à trouver les financements nécessaires. Denis Ladegaillerie, qui, s’il a affirmé que l’innovation, à l’ère du numérique, est d’abord technologique, a cependant ajouté que, sur un marché concurrentiel, la clé du succès était en définitive la découverte et le développement des talents artis-
  S’agit-il de complé- ments ponctuels ou durables aux finan- cements habituels ? Le débat n’est
à l’évidence pas clos.
tiques.
Que retenir de la multiplicité des échanges ? D’abord, si la crise des financements publics est patente, le consensus s’est fait cependant sur la nécessité de leur maintien, notamment sous la forme des financements croisés État/Collectivités territoriales. Ensuite les thé- matiques abordées se sont nourries des expériences et expertises relatées par les professionnels présents : augmentation des recettes propres, mécénat et crowdfunding, co-construction de projets, déve- loppement international, valorisation des marques culturelles, diver- sification des activités, exploitation des œuvres sur Internet... S’agit-il de solutions pragmatiques, de compléments ponctuels ou durables aux financements habituels, ou encore d’un changement progressif de paradigme, tant en raison de
l’avènement de l’ère digitale
que de la transformation sur le
long terme des rapports public/
privé ? Le débat n’est à l’évi-
dence pas clos.
Dans les mutations en cours,
  quelques traits significatifs méritent d’être évoqués : une meilleure com- préhension entre les banques et les acteurs culturels ; la progression du mécénat auprès des PME/TPE ; l’atténuation du clivage majors/indépen- dants dans l’industrie musicale, avec son pendant dans le « live », la struc- turation progressive autour de grands groupes ; la poursuite du combat pour la défense du droit d’auteur ; le développement d’un tourisme « soutenable »...
Enfin, certains intervenants ont suggéré des propositions novatrices : l’élaboration de budgets genrés, la mise en place de conférences des financeurs rassemblant acteurs publics et privés, la création d’une plate- forme globale recensant tous les appels d’offres en matière d’innovation et celle d’un label start up culturelle, pour ne citer que quelques exemples. En somme, Think Culture peut aussi devenir un laboratoire d’idées. Nous en prenons acte avec grand plaisir.
Jacques Renard
Directeur délégué Think Culture
   














































































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